avril 2024
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Le marché des façades

Introduction

Après plus de dix ans de croissance dans le bâtiment, il est temps de se préparer à des jours plus sombres.

Suite à l'abandon du taux plancher par rapport à l'euro, chacun s'est demandé, entre inquiétude et agacement, ce que la nouvelle année réserverait. Tout d'abord une bonne nouvelle : les entreprises suisses de construction et de l'immobilier sont prospères, les carnets de commandes sont remplis et la demande pour le neuf et la rénovation se maintient. Le niveau des taux d'intérêt n'a jamais été aussi bas, les biens d'équipement et les logements privés sont encore attractifs - pour l'instant. L'enthousiasme a toutefois ses limites, car un franc suisse continuellement fort a des répercussions négatives sur l'économie helvétique, et sur la construction et l'immobilier. Les exportateurs sont directement concernés, tout comme le commerce de détail ou le secteur touristique. En aval, les sous-traitants, les prestataires de services puis d'autres pans de l'économie en subissent également les effets. Sans augmentation de l'activité, la demande pour l'immobilier serait ultérieurement impactée dans presque tous les domaines.
Des signes laissent penser que l'économie globale pourrait surmonter le choc. Le raffermissement du dollar est favorable, et le pouvoir d'achat élevé stimule l'économie nationale. Reste que plus l'euro persistera sous la barre de CHF 1.10, plus l'impact négatif sur le bâtiment sera visible. En raison des longs délais dans la construction, 2015 ne devrait voir qu'un léger repli, dans un contexte de stabilisation. Pour l'année à venir, on ne peut établir des prévisions solides qu'à partir de l'été. Ainsi, en cas de perspectives sombres à long terme, les investissements dans le secteur du BTP devraient stagner en 2016, et même nettement reculer. A cela s'ajoute la mise en oeuvre de différentes dispositions (loi sur les résidences secondaires, loi sur l'immigration, aménagement du territoire).
Comment cela se traduit-il sur le marché des façades en verre et en métal ? Près de 80 % des quelque 780 000 m2 de façades en verre et en métal réalisés chaque année dans la construction neuve concernent les locaux commerciaux, l'industrie et les infrastructures publiques. On connaît déjà une offre excédentaire dans de nombreuses régions, le recul pourrait être plus marqué dans l'industrie. Les entreprises doivent économiser et ne vont pratiquement pas lancer de projets de construction. En outre, pour les fabricants de façades, un franc fort diminue les perspectives de commandes intéressantes à l'étranger. Reste le secteur public, où de nombreux projets sont à l'ordre du jour, notamment dans le secteur de la santé. L'absence de gains pourrait toutefois augmenter la pression déjà forte sur les coûts, entraînant l'abandon ou la réduction des projets de construction.
Avant de sombrer dans le pessimisme, rappelons que les investissements en bâtiment sont à leur plus haut niveau, que l'économie suisse connaissait une croissance robuste avant la décision de la Banque nationale, et que différents indicateurs révèlent un redressement à l'échelle mondiale. Néanmoins, après plus de dix ans de croissance dans le bâtiment, il est temps de se préparer à des jours plus sombres.