avril 2024
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Dimensionnement de vitrages: situation incertaine pour les balustrades en verre

INTRO

« La situation devient critique seulement si le maître d'ouvrage demande les preuves correspondantes après la fin des travaux ou qu'un dommage se produit. »

Je reçois souvent des demandes concernant le dimensionnement de pièces en verre. Il n'existe actuellement aucune norme de dimensionnement de vitrages en Suisse. L'Institut suisse du verre dans le bâtiment (SIGAB) fournit quelques fiches techniques et recommandations. La Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA) ne propose que les normes relatives aux structures porteuses (SIA 260 s.) portant sur le béton, l'acier et le bois.Les ingénieurs qui dimensionnent des pièces en verre ont donc recours aux normes de pays voisins. La série de normes DIN 18008 est en vigueur en Allemagne et la série ÖNORM B 3716 en Autriche. Il n'existe aucun consensus en Europe sur la manière de dimensionner des vitrages.Les vitrages en verre feuilleté de sécurité (VFS) sont notamment très difficiles à dimensionner en théorie. Les films en polyvinyle de butyral (PVB) souvent utilisés ont des propriétés qui changent avec la température et la durée d'action des charges. Le produit ne présente pas d'indice de matériau normalisé. Il existe donc des films de différentes qualités selon le fabricant. Des plaques en matière synthétique thermoplastique sont utilisées depuis plusieurs années. Leurs propriétés sont bien meilleures que les films en PVB. Elles affichent en particulier une rigidité élevée en cisaillement qui permet de fabriquer des vitrages plus minces. Elles sont quelque peu plus chères et les formats possibles sont un peu plus limités.Sur une application de balustrade standard d'une hauteur de 1000 mm à partir du sol fini et munie d'un profilé d'étrier en verre noyé, il est possible d'obtenir une structure en verre flottant de 2 ³ 12 mm avec film en PVB si le calcul est mené avec sérieux. On trouve souvent dans la branche des fournisseurs qui proposent de prétendus «certificats» pour une structure de 2 ³ 10 mm. Ces solutions sous-dimensionnées confèrent aux fournisseurs manquant de sérieux des avantages compétitifs mais sont déloyales pour les prestataires sérieux qui tiennent à garantir la sécurité du produit et à respecter l'état actuel de la technique.Il n'existe jusqu'à présent dans la Suisse libérale aucune autorité de supervision de la construction exigeant des certificats. Les fournisseurs manquant de sérieux peuvent donc installer sans difficulté de telles balustrades. Le problème survient si le maître d'ouvrage exige les certificats correspondants au terme des travaux ou si un sinistre se produit. Les sinistres ne font pas les gros titres si personne n'est blessé ou tué. Les experts des sinistres d'AM Suisse évaluent souvent des pièces sous-dimensionnées, si bien qu'ils connaissent la situation.La SIA, associée à la Haute école de Lucerne, à AM Suisse, au SIGAB et à la CSFF, élabore depuis deux ans une norme suisse de dimensionnement de pièces en verre. Espérons qu'une norme suisse permettra d'atténuer le problème et de soulager les entrepreneurs sérieux.