avril 2024
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Construction de façades : un besoin urgent de main-d'oeuvre

Introduction

« J'espère que tous reconnaîtront l'importance de l'enjeu et soutiendront activement ces projets »

Il y a 40 ans, construire une façade signifiait souvent une structure de béton avec des ouvertures et un revêtement de tôle ou de verre. L'isolation thermique était accessoire. L'enveloppe extérieure était le plus souvent directement posée sur le gros oeuvre. Les fenêtres étaient montées entre les murs bruts, ou sur ceux-ci, et les tôles étaient, par souci d'esthétique, surtout suspendues sous forme de coffrages. Quant aux parements en pierre, ils étaient fixés directement, ou avec une faible isolation thermique, à la structure. Pour l'ombrage, des volets roulants déroulés vers l'intérieur étaient courants, formant de véritables « ponts thermiques ».
J'ai commencé à utiliser des profilés d'aluminium isolés à la fin de mon apprentissage de dessinateur en construction métallique. Avec la sensibilisation aux questions d'énergie, les exigences physiques des façades se sont faites plus strictes. En Suisse, la construction de façades était, et demeure, une construction de prototypes. Notre pays, avec ses petites villes rurales, n'a pas autorisé de façades de grande ampleur dans les zones plus urbanisées. On ne construit de grands immeubles, avec de larges façades et des modules identiques, que depuis quelques décennies. La plupart des bâtiments de nos villes et agglomérations présentaient donc, et présentent encore, des façades uniques. C'est là que se situe notre marché, notre niche, de constructeurs suisses de façades. Il est impossible, sinon dans des cas particuliers, d'importer en masse des pièces uniques pour les vendre en série. Elles doivent être conçues, planifiées, testées, contrôlées et, grâce à nos efforts de réglementation, certifiées. Elles doivent ensuite être fabriquées avec qualité, précision et rapidité, puis montées dans des espaces souvent restreints et en respectant les normes de sécurité des personnes les plus strictes au monde. Il nous faut pour cela davantage de main-d'oeuvre et de spécialistes. Il nous faut des jeunes concepteurs motivés, créatifs et avides de connaissances, des chefs de projet qui évaluent, achètent et organisent avec discernement, ainsi que des chefs d'atelier, constructeurs métalliques et monteurs capables d'appliquer les plans avec précision, fiabilité, mais aussi esprit critique. Cette situation met à rude épreuve les entreprises et l'Union Suisse du Métal (USM).
Celles-ci doivent former beaucoup plus d'apprentis, faire suivre des formations continues à leurs collaborateurs et déléguer leurs cadres aux comités de la formation professionnelle. La responsabilité globale de la formation technique doit être assumée pleinement par l'USM, en collaboration avec les formateurs et les représentants des intérêts.
Mais l'espoir est là : l'Association professionnelle construction métallique élabore une formation de dessinateur-constructeur sur métal adaptée aux entreprises, la Haute école de Lucerne propose un Bachelor en technique de construction, spécialité enveloppe du bâtiment, et l'USM projette un centre de formation suisse central à Aarberg, abritant le savoir-faire.
J'espère que tous reconnaîtront l'importance de l'enjeu et soutiendront activement ces projets. J'invite les entreprises à former des apprentis, à inciter leurs collaborateurs à se perfectionner et à envoyer leurs responsables de la formation collaborer avec nous.