novembre 2023
novembre 2023
Force féminine chez Schmid Metallbau AG, de gauche à droite : Jasmin Bürgi, dessinatrice-constructrice sur métal, Andrea Senn, constructrice métallique CFC, et Anita Tschopp, directrice de Schmid Metallbau.
Force féminine chez Schmid Metallbau AG, de gauche à droite : Jasmin Bürgi, dessinatrice-constructrice sur métal, Andrea Senn, constructrice métallique CFC, et Anita Tschopp, directrice de Schmid Metallbau.

 

Les femmes dans la construction métallique

Les obstacles présumés n’existent pas

Les femmes ne sont plus si exotiques dans la construction métallique : on en croise dans la plupart des ateliers d’une certaine taille ou sur les chantiers. Leur représentation reste cependant relativement faible. Comment se sentent trois femmes dans un domaine tout de même masculin ?

Texte et photos : Daniel Roth

La société Schmid Metallbau AG est en mains féminines, du moins la direction. Anita Tschopp a intégré l’entreprise familiale dans les années 90, remplacé la machine à écrire de sa mère par un ordinateur et introduit la CAO. Elle occupe le poste de directrice depuis 2007. Dès le début, Anita Tschopp s’est sentie pleinement acceptée par la majorité masculine. Elle a grandi avec : enfant déjà, elle jouait souvent avec les garçons de la bande de son frère.
Dans l’effectif de 25 personnes, on trouve une dessinatrice-constructrice sur métal et une constructrice métallique. Andrea Senn travaille depuis quatre ans pour l’entreprise en tant que collaboratrice Service et montage. Au vu de sa petite stature, on en déduirait pas directement qu’elle est constructrice métallique. Mais cette jeune femme d’une vingtaine d’années n’en est pas moins investie corps et âme dans son métier.
Y a-t-il encore des gens qui s’étonnent de voir arriver une femme à la place du monteur attendu ? « Oui, cela se produit encore », témoigne la constructrice métallique CFC de formation. « Des clients d’un certain âge, parfois, mais plutôt d’autres artisans. Il est vrai que nous sommes encore rares. » Quoi qu’il en soit, elle se sent toujours acceptée dans ce métier prétendument masculin.
Anita Tschopp le confirme également : « Femme ou homme, quand on est performant, on est accepté. » Grâce à leur charme, les femmes auraient même plutôt un bonus, plaisante la directrice.
Ce qui compte en construction métallique, c’est la compréhension technique et le talent de représentation spatiale. L’habileté artisanale joue aussi un rôle, mais le travail physique pénible fait depuis longtemps partie de l’histoire. Ce préjugé à la peau dure repose sur la méconnaissance du métier actuel.

Des jeunes sans préjugés

« Certains pensent que nous sommes toujours à transpirer, que nous devons traîner de lourdes poutres métalliques, etc. Or, nous utilisons des outils modernes », explique Andrea Senn. En raison des prescriptions de la Suva, personne dans l’entreprise ne soulève plus de 30 kilos. On ne monte plus à l’échelle non plus ; à la place, on utilise systématiquement des grues.
En sa qualité d’ambassadrice de la campagne pour la relève « métal + toi », Andrea Senn se rend dans les écoles pour familiariser les jeunes avec la construction métallique. Elle n’y ressent aucun préjugé. « À cet âge, les élèves ont autre chose dans la tête », sourit-elle. Mais elle trouve dommage que si peu de filles s’orientent vers un métier artisanal.
Cette rareté lui laisse une impression quelque peu mitigée. D’un côté, elle trouve cela cool d’avoir ce statut particulier, mais d’un autre, elle aimerait que les femmes deviennent davantage une évidence dans la construction métallique. Ce qui n’est pas encore le cas ; Andrea Senn a même eu droit à un portrait dans le «Blick».

Anita Tschopp est directrice de Schmid Metallbau à Zeiningen depuis 2007.
Anita Tschopp est directrice de Schmid Metallbau à Zeiningen depuis 2007.

 

On voit ce qui est en train de naître

Jasmin Bürgi travaille depuis six ans chez Schmid Metallbau. Cette dessinatrice-constructrice sur métal CFC ne perçoit jamais de réactions étonnées : femme ou homme, ce n’est pas un débat. Et dans le privé ?
« La plupart des gens n’ont aucune idée de ce que fait une dessinatrice-constructrice sur métal », déclare Jasmin Bürgi. « Certains pensent à la construction, d’autres comprennent au moins qu’il s’agit de construction métallique : je soude, ou quelque chose comme ça ? Dès que j’explique que j’élabore des plans sur un ordinateur au bureau, le sujet est clos. » Ce qu’elle préfère dans la construction métallique, c’est qu’on voit ce qui est en train de naître : un jardin d’hiver, un escalier, une façade. « Un dessinateur en chauffage ne voit rien de ses conduits dans le bâtiment fini. Cela me plairait moins. »

Jasmin Bürgi, dessinatrice-constructrice sur métal, travaille depuis six ans comme responsable de projet dans l’entreprise. 
Jasmin Bürgi, dessinatrice-constructrice sur métal, travaille depuis six ans comme responsable de projet dans l’entreprise. 

 

La mixité, bonne pour tout le monde

Les trois femmes sont unanimes : l’objectif n’est pas d’avoir absolument une proportion de femmes plus importante. Mais une certaine mixité est bonne pour tout le monde. Un avis que partagent également les hommes : les relations sont plus conviviales quand il y a une femme dans l’équipe. La directrice Anita Tschopp ne mise pas sur une promotion ciblée des femmes, mais sur une équipe harmonieuse et des solutions flexibles et personnalisées pour chacun et chacune. « C’est de toute façon indispensable aujourd’hui pour trouver et garder des spécialistes de qualité. »
Le message qu’elle adresse aux femmes de talent : « Oser se lancer ! Vaincre les blocages ! Car les obstacles présumés n’existent pas. » ■

Andrea Senn, constructrice métallique CFC, travaille depuis quatre ans dans l’entreprise en tant que collaboratrice Service et montage.
Andrea Senn, constructrice métallique CFC, travaille depuis quatre ans dans l’entreprise en tant que collaboratrice Service et montage.