

« Il faut donner sa chance à tout le monde » – comment favoriser la réussite des apprentis
Formation professionnelle initiale
En 2024, notre secteur a dû faire face à un nouveau creux dans le nombre des réussites aux examens finaux de constructeur/trice métallique CFC. L’entreprise valaisanne Bitz+Savoye montre comment on peut faire mieux. Un entretien avec le patron et l’un de ses apprentis.
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Formation professionnelle initiale
« Il faut donner sa chance à tout le monde » – comment favoriser la réussite des apprentis
En 2024, notre secteur a dû faire face à un nouveau creux dans le nombre des réussites aux examens finaux de constructeur/trice métallique CFC. L’entreprise valaisanne Bitz+Savoye montre comment on peut faire mieux. Un entretien avec le patron et l’un de ses apprentis.
Bitz+Savoye à Sion jouit d’une excellente réputation en tant qu’entreprise formatrice. Depuis sa fondation il y a presque 40 ans, 124 apprentis y ont suivi leur formation de base. Très peu d’entre eux n’ont pas terminé leur CFC avec succès. Et ce malgré le fait que cette entreprise de 70 employés n’hésite pas à donner une chance à des jeunes défavorisés. Le patron Domenico Savoye, bientôt 65 ans, a cédé la gestion opérationnelle de l’entreprise à la deuxième génération, mais continue de s’occuper personnellement de ses apprentis avec le chef d’atelier Matthieu Lorenz. Actuellement, l’entreprise forme huit constructeurs métalliques, un dessinateur-constructeur sur métal et un vitrier.
Entretien avec Domenico Savoye
Domenico Savoye, comment trouvez-vous suffisamment d’apprentis pour votre entreprise ?
Par du bouche-à-oreille. Nous ne publions pas d’annonce, nous avons toujours assez de demandes. Normalement, nous organisons 15 stages d’orientation par an. Comment on y arrive ? Par exemple, nous organisons une journée « passeport vacances » une fois par an, pendant les vacances scolaires. C’est en général une dizaine d’enfants âgés de dix à douze ans qui participent. Ainsi, leurs parents entrent automatiquement en contact avec nous. Ils sont peut-être déjà passés devant l’entreprise et se sont demandé ce qui se passait derrière ces façades. Ce jour-là, leurs enfants le découvrent. Une expérience dont on parle … en famille, entre camarades et amis. Certains d’entre eux feront peut-être un stage chez nous quelques années plus tard. Nous avons aussi des stagiaires qui nous sont adressés par des institutions sociales. Nous sommes très ouverts à cet égard.
Les entreprises, pour vous, ont-elles aussi un rôle social à jouer ?
Oui. Evidemment, nous prenons en majorité des bons candidats, les plus doués. Mais la structure de notre entreprise nous permet de donner une chance également à des jeunes qui connaissent des difficultés. C’est souvent le cas, par exemple, pour des personnes issues de situations familiales difficiles ou des réfugiés. Si, disons, sur huit bons apprentis, on en a un ou deux qui sont un peu plus faibles, tout le monde peut en profiter. Les moins bons apprennent des plus doués, et les plus doués apprennent comment soutenir des personnes dans des situations de vie différentes et de contribuer à leur développement. Je pense que quand on a la possibilité, il faut donner sa chance à tout le monde de s’améliorer.
Quelle est votre approche vis-à-vis des apprentis, comment faciliter un apprentissage réussi ?
Il faut avant tout une approche individualisée. Selon leur caractère, leurs forces et leurs faiblesses, on doit peut-être encourager les uns et encadrer des autres. Il faut accompagner les jeunes, je profite là de mon expérience de coaching dans la boxe. Chaque mois, nous avons un entretien où on passe en revue le journal de travail que chaque apprenti doit tenir, on adresse des questions et des problèmes. En cas de besoin, je fais des exercices pratiques en dehors du travail quotidien pour préparer les apprentis aux cours interentreprises ou aux examens finaux. J’entretiens le contact avec les parents. Par exemple, je leur écris chaque semestre un rapport personnel accompagnant le bulletin de notes.
Que recommandez-vous aux entrepreneurs du secteur et à ses associations pour mieux réussir dans la formation d’apprentis ?
Que les entrepreneurs soient plus ouverts. Les manifestations et les prix pour les meilleurs apprentis, par exemple, sont importants – pour l’estime apporté à l’apprenti ainsi que pour la visibilité auprès du public. Mais avant tout, c’est nous, les entreprises, qui devons nous charger de former la relève dont on a besoin. On ne peut pas s’attendre à ce que quelqu’un d’autre le fasse pour nous.
Pour la communication, je recommande de mettre davantage l’accent sur le résultat de notre travail. Une façade, une sculpture, cela fait partie du patrimoine public. Chaque projet achevé est unique, concret, visible. On est fier d’y avoir contribué. Pour que l’apprentissage soit valorisé davantage, il faut faire passer aussi le message aux parents : il ne faut pas que ce soient toujours forcément des études pour réussir dans la vie. J’ai été apprenti moi-même et je suis devenu chef d’entreprise. Un certificat fédéral de capacité est une base solide sur laquelle on peut construire une carrière. Le CFC, c’est le début, pas la fin de la formation !
Entretien avec l’apprenti Emilien Delaloye
Emilien Delaloye est constructeur métallique en quatrième année d’apprentissage chez Bitz+Savoye. Sa perspective sur l’apprentissage, l’entreprise, le patron et les options de carrière dans la construction métallique.
Emilien, comment avez-vous trouvé votre place d’apprentissage ?
J’ai eu de la chance : je n’ai fait que deux ou trois stages et j’ai eu des retours positifs partout, j’ai donc pu choisir entre plusieurs entreprises.
Comment s’est passé votre stage chez Bitz+Savoye ?
C’était très intéressant. Pendant une semaine on apprenait chaque jour une spécialisation différente du métier – l’acier, l’aluminium, la tôlerie, le montage –, ce stage s'est conclu par un exercice pratique le dernier jour. J’ai bien aimé le travail et l’ambiance, c’est pourquoi j’ai choisi Bitz+Savoye.
Que diriez-vous aux élèves qui cherchent une place d’apprentissage à propos de votre entreprise ?
L’avantage est qu’elle couvre toutes les trames de la construction métallique, ça vous donne la possibilité de poursuivre une spécialisation qui vous convient et donc des très bonnes perspectives de carrière.
Bitz+Savoye compte actuellement dix apprentis, c’est un nombre assez élevé. Qu’est-ce que ça crée comme ambiance de travail parmi les jeunes ?
L’ambiance est très bonne, on rigole, si on a des questions ou besoin de quelque chose, on peut toujours demander à quelqu’un. Bien sûr, les conflits, ça arrive. Le patron est toujours à l’écoute, en cas de problèmes, on en discute ouvertement et on trouve assez vite une bonne solution pour tout le monde.
Vous allez bientôt passer votre examen de fin d’apprentissage. Allez-vous continuer chez votre entreprise ?
Bitz+Savoye ne garde pas ses apprentis après la fin de leur apprentissage, et je le comprends. Il faut faire des expériences ailleurs et se débarrasser de l’image de l’apprenti. Si on revient peut-être après quelques années, les collaborateurs vous prendront alors au sérieux.
Quels sont vos projets après l’examen ? Comment voyez-vous votre avenir dans la construction métallique ?
J’aimerais d’abord aller au Canada pour quelque temps et travailler dans l’industrie minière. Au retour, je voudrais bien retourner dans le métier, mais plutôt dans le secteur industriel. Heureusement, en tant que constructeur métallique, on ne connaît pratiquement pas le chômage. ■