Burn-out

Identifier les symptômes et réduire le stress

Texte : Philipp Alpiger, thérapeute en régulation, Gossau SG. Photo : rédaction

La pression de la performance sans cesse croissante, les calendriers surchargés, les mauvaises conditions de travail et l’incertitude face à l’avenir pèsent chaque jour sur des millions de personnes. Perfectionnisme, perte de confiance en soi, excès de zèle ou manque de reconnaissance compliquent encore la situation. Dans de telles conditions, qui peut encore prétendre à une vie privée et familiale harmonieuse et équilibrée ? Cela entraîne un épuisement physique, émotionnel et mental qui constitue un terreau propice au burn-out.
Le phénomène du stress se répand à une vitesse inquiétante. Il est favorisé par la mondialisation, le progrès et le développement, la crise économique et l’effondrement du système de valeurs. Les études démontrent que pratiquement tout le monde est désormais concerné, au moins partiellement, par le « stress », que ce soit au travail ou dans la vie privée.

Mais qu’est-ce que le stress ?

Le stress est le terme générique utilisé pour désigner les réactions physiques et psychiques à des stimuli externes ou internes (facteurs de stress) que nous ressentons comme motivants ou pesants. On distingue les catégories de facteurs de stress suivantes :
Facteurs de stress physiques
Chaleur, froid, bruit, soif, maladie, déficit de sommeil, pollution lumineuse.

Facteurs de stress psychiques
Insécurité, travail, carrière, colère, rage, pessimisme, contrainte de temps, tendance à l’impatience, exigences excessives ou trop faibles.

Facteurs de stress sociaux
Conflits, isolement, pression du groupe, harcèlement, divergences d’opinion, rejet par d’autres personnes.

Facteurs de stress chimiques
Nicotine, alcool, drogues.

Facteurs de stress environnementaux
Pollution de l’air et de l’eau, électrosmog, charges en métaux lourds

Facteurs de stress autoprovoqués
Mauvaise alimentation, manque d’activité physique, absence de pauses, consommation continue de contenus numériques.

Un seul facteur de stress n’a rien de grave et peut tout à fait être surmonté. Mais il en va différemment lorsqu’ils se multiplient. Après un certain temps, notre système est surchargé et le vase déborde. Le stress chronique peut conduire au burn-out.
Les symptômes suivants peuvent apparaître :
troubles de l’endormissement et du sommeil, difficultés de concentration, irritabilité, agressivité, lassitude, humeur dépressive, troubles cardiaques fonctionnels, transpiration, tensions musculaires, douleurs chroniques, maux de tête, troubles gastro-intestinaux, anxiété, apathie, crises de panique, déficit immunitaire, sensibilité aux infections, sentiment d’être « à bout », etc.
  

En quoi le stress est important

Dès que nous réalisons que nous pouvons décider nous-mêmes de notre sentiment de stress positif (eustress) et de stress négatif (distress), nous avons de la marge de manœuvre. Le stress qui accable doit d’abord être délibérément relâché. Beaucoup de personnes pensent être stressées alors qu’elles ne le sont pas du tout et inversement. Le stress est l’effort réalisé par le corps pour revenir le plus vite possible à l’équilibre après un stimulus irritant. L’homme ne peut pas vivre sans stress. Car dans de nombreuses situations, il doit être prêt à fournir des performances accrues. Le stress secrète p. ex. certaines hormones dans le corps. Celles-ci déclenchent les réactions physiques les plus diverses : le cœur bat plus vite, le cerveau et les poumons sont mieux alimentés et les sens sont en éveil. Le stress est fondamentalement important, car c’est notre programme de survie. Le problème survient lorsque cet état s’arrête et donne lieu à un stress durable et, par conséquent, chronique.
Les contraintes excessives et durables se traduisent p. ex. par des états d’épuisement, des comportements nerveux, mais aussi dans des maux de dos, des ulcères gastriques, de l’hypertension ou des infarctus. L’homme peut, dans une certaine mesure, s’adapter aux situations de stress. En effet, les réserves physiques et psychiques sont mobilisées afin de maintenir l’équilibre. Mais la surexploitation permanente de ses propres réserves mène inéluctablement à une impasse. Lorsque les réserves sont épuisées, un effondrement soudain (burn-out) survient, dans la plupart des cas.

 

 

L’homme peut, dans une certaine mesure, s’adapter aux situations de stress. En effet, les réserves physiques et psychiques sont mobilisées afin de maintenir l’équilibre. Philipp Alpiger

 

Pourquoi le stress nous empêche-t-il de penser ?

En cas de danger, le traitement relativement lent du cerveau est réduit dans son influence. La priorité est donnée aux modèles de décision schématiques du tronc cérébral. Cela se produit par une modification, dans les parties du cerveau concernées, du modèle de sécrétion de la sérotonine, qui apaise, et de la noradrénaline, qui stimule. On peut alors réagir plus rapidement, quoiqu’avec un taux d’erreur plus important. En cas de danger, l’évaluation de la situation par le cerveau serait généralement lente et dangereuse.
Le stress a également des effets négatifs sur nos capacités de réflexion : la réaction au stress limite la capacité à penser de manière rationnelle. Dans les situations de danger, nous ne devons pas réfléchir, mais réagir. Un phénomène typique : le black-out aux examens. Le stress inhibe les messagers dans les synapses du cerveau, qui sont habituellement responsables du traitement de l’information et de la transmission des données. Plus nous essayons de maîtriser notre capacité de réflexion, plus nous stressons. La détente constitue une aide.

Retrouver l’équilibre par le mouvement

Notre vie est jalonnée de hauts et de bas. Pour garder le cap, il faut se renforcer. Il est donc essentiel de bouger et d’effectuer des exercices d’équilibre. En effet, l’équilibre physique constitue la base de l’équilibre psychique. En d’autres termes, il s’agit de faire chaque jour quelque chose pour bien aller et pour que cela aille bien dans le futur.
L’activité physique est un prérequis fondamental pour diminuer le stress, quel que soit l’âge. Bouger diminue les hormones du stress. Un manque de mobilité, d’endurance, de force et d’exercice respiratoire engendre du stress uniquement parce que cela rend la maîtrise de certaines situations quotidiennes difficile. Des difficultés à lacer ses chaussures, à courir lorsqu’il faut se dépêcher, à soulever des charges (manque de force et mobilité réduite) ou à monter une côte ou un escalier sont des exemples qui parlent d’eux-mêmes.
Comme les hormones du stress ont la propriété de s’additionner en continu lorsqu’elles ne sont pas dissipées, les personnes non sportives abusent de leurs réserves d’énergie. Les hormones du stress s’activent au moindre effort et prélèvent de l’énergie sous forme de sucre dans le sang et le foie. L’épuisement qui résulte inéluctablement de ce stress permanent a bien sûr aussi des conséquences psychiques considérables que les personnes concernées tentent souvent de contrer par une alimentation excessive ou une consommation accrue d’alcool. L’aspect psychique de l’activité physique ne doit en aucun cas être oublié, le psychique se trouvant dans toutes les cellules de notre corps.
• Le relâchement des tensions corporelles entraîne aussi le relâchement des tensions psychiques.
• Des mouvements réalisés et perçus consciemment augmentent la conscience corporelle et influencent positivement notre psychisme.
• Une conscience accrue du corps augmente la sensibilité, ce qui aide à percevoir certains facteurs de stress au niveau du corps (p. ex. consommation excessive de café, acidification, mauvaise atmosphère ambiante, etc.)
• L’activité en plein air favorise la captation de la lumière, essentielle à notre psychisme. C’est pourquoi on dénombre nettement plus de dépressions pendant les mois d’hiver moins ensoleillés que pendant les mois plus chauds et plus lumineux.
• L’activité à l’air libre permet aussi de profiter de la faune et de la flore. Avec le temps, les couleurs, les bruits et les parfums peuvent être ressentis plus intensément. Cela permet de découvrir de nouvelles sensations. Les sensations peuvent ainsi s’intégrer plus intensément dans le quotidien, contribuer à réduire le stress et les maladies, et aider à ressentir plus de joie de vivre.
• L’activité physique libère des endorphines, qui ont un effet analgésique et rendent tout simplement heureux.
Bien se sentir dans son corps rend automatiquement heureux !

Veiller à une bonne alimentation

Une personne qui souffre de stress permanent risque de mal se nourrir. Le corps n’est alors pas alimenté correctement, ce qui, de nouveau, génère du stress. On court alors tout droit vers le burn-out en raison de l’épuisement provoqué par le manque de substances vitales.
Il est donc important d’adapter son alimentation à la situation quotidienne. Une alimentation naturelle adéquate peut aider à compenser les déficits d’énergie et à éliminer les troubles. Rappel : par notre apport alimentaire quotidien, nous absorbons dans l’idéal non seulement des macronutriments tels que des glucides, des graisses et des protéines, mais aussi des micronutriments essentiels à la vie tels que des vitamines, des quasi-vitamines, des minéraux et des oligoéléments, des acides aminés, des substances végétales secondaires et des extraits de plantes, des fibres alimentaires et diverses substances constituantes.
Pour vivre sainement, notre corps a besoin de tous ces éléments. Un déficit ou un apport insuffisant d’un seul de ces éléments peut entraîner une maladie. Cela peut aussi survenir si l’intestin ne peut absorber et métaboliser ces nutriments. Pourquoi cela peut-il se produire ? Car le corps en état de stress dévie quasiment l’énergie de l’intestin afin de l’utiliser pour la survie. Les personnes souffrant de stress chronique souffrent généralement toujours de carences en nutriments vitaux. Il s’agit alors de les reconstituer.  ■