avril 2023
avril 2023
Mathias Hächler
Mathias Hächler

 

Formation initiale

Application imminente de la révision totale du CFC de constructeur/trice métallique

La révision totale du plan de formation des apprentis en construction métallique a franchi les principaux obstacles. Une bonne solution moderne va s’appliquer. L’objectif est l’entrée en vigueur du nouveau plan de formation (PlaFo) et de la nouvelle ordonnance sur la formation (OrFo) au 1er janvier 2024 pour les constructeurs/trices métalliques CFC et au 1er janvier 2026 pour les aides-constructeurs/trices métalliques, et que les premiers professionnels ayant suivi le nouveau PlaFo reçoivent leur diplôme à l’été 2028. Cela s’applique aussi aux spécialisations (« domaines spécifiques ») charpente métallique et travaux de forge.

Texte et photo : Rédaction

Le monde de la construction évolue et, avec lui, les exigences des métiers de la métallurgie. Sous l’impulsion de la numérisation, de l’automatisation et d’autres processus en mutation, les exigences imposées aux professionnels évoluent aussi. Des normes comme EN 1090/EN 16034, ainsi que l’ordonnance sur les produits de construction et l’ordonnance sur les travaux de construction doivent également être respectées.
Élaboré par plusieurs groupes de travail sous la supervision de la Commission de la formation initiale (CFI), le nouveau PlaFo tient compte des exigences actuelles tout en rendant la profession plus attrayante.
Sur le plan technique, il est essentiel que la formation initiale et les examens ne soient plus axés sur l’expertise mais sur la pratique. En outre, le terme « spécialisation » est remplacé par « domaine spécifique ». Le titre du certificat de capacité est « constructrice métallique CFC / constructeur métallique CFC ». Le domaine spécifique n’est mentionné que dans le certificat de travail pour des raisons avancées par le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI). De plus, toutes les formations spéciales nécessaires doivent, si possible, être suivies durant la formation en entreprise ou dans le cadre de cours interentreprises (CIE).

Rétrospective : révision des métiers de la construction métallique

Pour faire approuver une révision totale par le SEFRI, des clarifications et enquêtes ciblées doivent être effectuées en amont. La Commission suisse pour le développement professionnel et la qualité (CSDP&Q) a donc amorcé la phase de lancement de l’examen décennal fin 2016 avec une première enquête électronique. Celle-ci a été réalisée en collaboration avec l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP) à l’aide d’un questionnaire. Ainsi, au deuxième trimestre 2017, toutes les personnes impliquées dans la formation professionnelle sur l’un des trois lieux de formation ont été interrogées sur les professions de constructeur métallique et d’aide-constructeur métallique. En outre, divers ateliers et un « world café » ont été organisés au Centre de formation d’Aarberg (CFA).
À partir de cette étude très approfondie, la CFI a décidé de procéder à une révision partielle ou totale, qu’elle a inscrite à l’ordre du jour de la réunion de la CSDP&Q en 2017. Ensuite, les représentants des secrétariats d’État ont été informés et invités à formuler une recommandation. Enfin, il a été décidé de procéder à une révision totale pour les constructeurs métalliques et à une révision partielle pour les aides-constructeurs métalliques. 

Révision totale du PlaFo du CFC de constructeur/trice métallique

Suite à la décision de procéder à ces révisions, les objectifs suivants ont été définis pour la profession de constructeur/trice métallique CFC :
– La profession doit conserver une formation initiale de qualité et largement soutenue.
– À l’issue de la formation, les constructeurs métalliques doivent avoir passé les examens de soudeur nécessaires. En outre, ils sont qualifiés et disposent des autorisations pour utiliser des grues, des plates-formes élévatrices ou des chariots de manutention.
– Uniformiser la sécurité dans le métier de base grâce aux premiers CIE, de façon à ce que tous les constructeurs métalliques aient certaines connaissances, comme la sécurité en hauteur, et à réduire le risque d’accident grave dès le départ.
– Adopter et élargir l’accès aux filières de la charpente métallique et des travaux de forge en tant que spécialisations. Celles-ci doivent être maintenues ou améliorées sous la forme de formations continues après la formation initial, ce qui facilitera les changements professionnels au sein de la branche.
– Pondérer plus fortement la technique de montage dans la formation.
– Augmenter les jours de CIE. Transmettre les fondamentaux sur des sujets tels que le montage, la sécurité et les risques d’accident lors de CIE afin de les garantir.

Présentation du PlaFo / résultats des enquêtes

À cause du coronavirus, les différentes séances des groupes de travail organisées en plusieurs langues n’ont pas pu respecter le calendrier. Le PlaFo et l’OrFa ont toutefois été présentés lors de la réunion de la CSDP&Q en 2021 et l’enquête interne a pu être réalisée dans la branche. Les résultats de cette dernière ont été examinés et débattus lors de la réunion de la CSDP&Q en 2022.
Malgré d’importants défis dus aux différents points de vue des entreprises de tailles très différentes et à la variété des travaux, la CFI est convaincue que les groupes de travail dirigés par Eva Heinimann, de b-werk bildung gmbh, ont fait un excellent travail. Bien qu’il ait été impossible de contenter tous les souhaits individuels, les responsables sont persuadés que cette solution valorise les métiers de la construction métallique et les rend plus attrayants. En outre, les deux domaines spécifiques de la charpente métallique et des travaux de forge pourront être maintenus à long terme, bien qu’ils comptent peu d’apprentis (7 à 12 nouveaux par an dans toute la Suisse).

Qu’est-ce qui reste inchangé ?
– Le titre professionnel reste le même : constructrice métallique CFC / constructeur métallique CFC.
– Le diplôme doit toujours être achevé dans la construction métallique / les travaux de forge / la charpente métallique.
– La perméabilité des trois domaines spécifiques est maintenue.
– La formation d’aide-constructeur/trice métallique AFP est toujours proposée.
– Le tableau des leçons de l’école professionnelle (EP) reste inchangé quant au nombre de leçons.

Qu’est-ce qui a été modifié ?
– Les compétences professionnelles deviennent des compétences opérationnelles (quelqu’un ayant des compétences opérationnelles exécute des tâches et activités professionnelles de sa propre initiative pour atteindre les objectifs fixés, dans les règles de l’art et de manière flexible).
– Les spécialisations deviennent des domaines spécifiques. Les trois domaines spécifiques suivent les mêmes matières à l’école professionnelle.
– Les exigences du marché sont prises en compte.
– La gestion et l’organisation d’entreprise sont réduites (composante de la formation continue).
– Les certificats/examens nécessaires doivent être obtenus durant la formation.
– Les jours de CIE sont adaptés aux domaines spécifiques.
– Le contenu des CIE est adapté aux modifications/exigences légales.
– La PQ pour la construction métallique reste inchangée, à savoir le travail pratique prescrit (TPP). Travail pratique individuel (TPI) en entreprise pour les travaux de forge et la charpente métallique.
– La PQ comprend désormais les notes d’expérience de trois CIE sélectionnés et de l’EP. Jusque-là, seule une note d’expérience de l’EP était prise en compte.

État actuel des révisions

L’audition par le SEFRI a lieu actuellement et la réunion de réajustement avec les participants aux réunions des groupes de travail est prévue pour le 15 mai 2023 afin que la nouvelle OrFo et le nouveau PlaFo entrent en vigueur le 1er janvier 2024.
Pour l’heure, la CDP a rejeté le CIE pour la formation de cariste. Selon elle, l’enseignement des bons gestes lors de travaux dangereux n’est pas une raison pour augmenter les jours de CIE et relève de la responsabilité des entreprises formatrices.
Concept de CIE et poursuite des travaux de revision de la CFI ici.

Poursuite des travaux de révision de la CFI

Construction métallique :
15 mai 2023, réunion de réajustement avec le groupe de travail.
Mise en œuvre au 1er janvier 2024.
Les informations seront communiquées à la branche dans sept régions où les associations régionales seront en partie regroupées au printemps 2024.

Aide-constructeur/trice métallique AFP :
Quatre ateliers seront organisés entre octobre 2023 et avril 2024 en présence des groupes de travail des trois lieux de formation. La mise en œuvre débutera le 1er janvier 2026 et s’achèvera à l’été 2028.

Dessinateur/trice-constructeur/trice sur métal CFC :
L’enquête auprès de la branche aura lieu en août/septembre 2023. Suivront l’évaluation et les discussions lors de la séance de la CSDP&Q (développement professionnel et qualité) en 2023. Ensuite, la révision démarrera.

Entretien

Mathias Hächler, président du domaine Formation initiale de Metaltec Suisse, prend position.

 
 

 

Monsieur Hächler, le nouveau PlaFo des constructeurs métalliques doit entrer en vigueur le 1er janvier 2024. La formation et les examens ne seront plus axés sur l’expertise mais sur la pratique. Quels avantages voyez-vous ?
Cela entraînera des changements, en particulier à l’école professionnelle. Les compétences opérationnelles peuvent être transmises de manière globale pour des tâches spécifiques à la construction métallique. Ainsi, l’enseignement ne comportera plus de connaissances factuelles isolées, mais favorisera des structures cognitives en réseau, pertinentes pour la pratique. Le noyau commun est la confrontation personnelle et pluridisciplinaire, ainsi que l’appropriation active d’un objet d’apprentissage.

L’appellation n’est plus « constructeur/trice métallique CFC spécialisation charpente métallique », mais « constructeur/trice métallique CFC domaine spécifique charpente métallique ». Pourquoi ce changement, que signifie-t-il exactement ?
Le titre sur le brevet sera : constructrice métallique CFC / constructeur métallique CFC. Dans l’artisanat, on distingue un domaine spécifique d’une spécialisation. On parle de cette dernière si au moins une année d’apprentissage supplémentaire ou un certain pourcentage de l’enseignement scolaire est suivi séparément. Étant donné que nous avons 7 à 12 apprentis par an en charpente métallique comme en travaux de forge répartis dans les différentes régions linguistiques, le groupe de travail a décidé de ne pas faire de distinction au niveau de l’enseignement scolaire. Les maîtres professionnels peuvent évidemment se concentrer sur les domaines spécifiques lors de l’exécution des tâches.

Pourquoi voulez-vous intégrer les formations en soudage et manœuvres aux CIE ?
Lors de la dernière révision de la profession, un constructeur métallique diplômé n’avait pas besoin de certificat pour les travaux de soudage ni de permis pour l’utilisation de plates-formes élévatrices ou de chariots élévateurs. Pour des raisons normatives et de sécurité, les entreprises exigent aujourd’hui ces documents. Il est donc évident que les futurs constructeurs métalliques pourront également les obtenir durant leur formation, indépendamment de l’entreprise formatrice.

Il semble que les instances ne soient pas unanimes pour intégrer ces formations aux CIE. Quels sont les accords attendus à cet égard ?
Je pars du principe que la CDP veillera avant tout à ce que les jours de CIE n’augmentent pas trop, car cela entraîne des coûts pour les cantons. Toutefois, je pense que ceux qui adaptent les normes et les lois doivent participer aux frais de formation. Pour l’heure, la CDP ne souhaite pas que le cours de cariste soit dispensé dans le cadre des CIE. Nous avons son accord pour le reste.

Quels sont les avantages du nouveau PlaFo pour les futurs constructeurs/trices métalliques ?
Les jeunes diplômés bénéficieront d’une meilleure situation de départ puisqu’ils disposeront de tous les documents nécessaires. Quant aux entrepreneurs, ils pourront s’attendre à ce que les nouvelles recrues disposent des certificats requis à leur embauche.

Quelles sont les implications du nouveau PlaFo pour les enseignants et responsables de cours ?
L’enseignement doit être adapté en conséquence. Sur ce point, nous sommes déjà en contact avec les MPCM (maîtres professionnels de la construction métallique en Suisse).

Qu’en est-il pour les entreprises formatrices ?
Les changements essentiels concernent principalement l’EP. La formation change peu pour les entreprises. Ce qui est sûr, c’est que les jours de CIE passeront de 40 à probablement 46 (construction métallique/charpente métallique) ou 49 (travaux de forge).

Après un travail long et intense, la révision du CFC de constructeur/trice métallique est sur le point d’aboutir. Comment avez-vous vécu cette phase en tant que président du domaine Formation initiale de Metaltec Suisse ?
J’ai beaucoup appris durant cette période intense, mais j’ai aussi constaté qu’une OrTra ne peut pas répondre à toutes les attentes. Les discussions durant les réunions des groupes de travail m’ont le plus marqué. Il apparaissait toujours clairement que les métiers de la construction métallique sont passionnants et variés. Je remercie donc tout particulièrement les personnes qui ont pris part aux groupes de travail.   ■

www.metaltecsuisse.ch